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Décembre 2012

ORPHEE AUX ENFERS d'Offenbach (1819-1880)

offenbachORPHEE AUX ENFERS
de Jacques Offenbach (1819-1880)

Créée le 21 octobre 1858 en deux actes au Théâtre des Bouffes-Parisiens et en quatre actes au Théâtre de la Gaîté le 7 février 1874, cette oeuvre reprend le célèbre mythe d'Orphée, en le traitant "à l'envers". Eurydice ne supporte pas la musique de son mari Orphée. Elle hait son violon et ses mélodies et essaie d'oublier son encombrant mari en batifolant avec un beau berger. Orphée, lui, s'intéresse de très près aux nymphes et accueille avec bonheur la "mort" d'Eurydice, enlevée par le beau berger, qui n'était autre que Pluton. Mais cela n'est pas du tout du goût de l'Opinion publique, qui contraint Orphée à sauver les apparences et à réclamer à Jupiter le retour de son épouse. Avec un départ de tout l'Olympe pour les Enfers...
Les contemporains d'Offenbach ont vu dans son Orphée aux Enfers un attentat sacrilège contre l'Antiquité. Tout ce que les maîtres et professeurs enseignaient se trouvait tourné en dérision. Il est vrai que l'on était bien loin de Charpentier et Gluck, images sonores idéales d'Orphée. Rares ont été ceux qui ont réussi à voir, au-delà de cette défloraison irrévérencieuse du mythe antique, une parodie subtile de l'opéra seria et un portrait acéré des moeurs de l'époque.

orphée aux bouffes parisiens

Jupiter et Pluton ne font que caricaturer les appétits sexuels insatiables de l'Empereur et son souci de la forme, couvrant pudiquement les nettes insuffisances du régime. Quant à Eurydice, elle ne ressemble que trop aux bourgeoises du Second Empire, oubliant avec désinvolture d'encombrants maris pour voler de bras en bras. "Orphée aux Enfers" a fait son tour du monde; .... on l'a traduit dans toutes les langues, on l'a transposé dans tous les tons. Les gouvernements sont tombés, les trônes se sont écroulés et le règne d'Orphée dure toujours." (Promenade autour d'Orphée aux Enfers par un Monsieur de l'Orchestre, Charles Schiller, 1874).

A écouter

Difficile de trouver son bonheur malgré de multiples versions. Avec Offenbach, on est souvent face à un impossible dilemme. des acteurs vaguement chanteurs ou des voix virtuoses manquant du sens de la scène et de la verve indispensables. De plus, les partitions et les découpages de celles-ci varient sans cesse, sans compter les enregistrements en anglais ou en allemand. Deux versions cependant se dégagent nettement, celle de Plasson et celle de Minkovski. La première présente l'Orphée de 1874, avec un orchestre mené à un train ... d'enfer et les vedettes des années 70, solistes versés dans l'ironie et la parodie, avec d'excellents Philipe Lafont, Michel Sénéchal et Jane Rhodes. En revanche on ne peut regretter que la grande Mady Mesplé ne le soit pas cette fois. L'enregistrement Minkovski, reflet des représentations genveoises mais surtout lyonnaises, est certainement le meilleur que l'on puisse actuellement trouver, avec la relève des années 2000. Un orchestre finement mené qui rend enfin justice aux très grandes qualités musicales d'Offenbach. Une Nathalie Dessay en or massif; elle est proprement décoiffante en Eurydice et rien ne lui résiste. L'Orphée de Yann Beuron est parfait, de même que le Jupiter de Laurent Naouri. Que du bonheur ou presque.

 

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Orphée aux enfers / diaporamaflash

 

M. Plasson, Capitole de Toulouse, M. Mesplé (Eurydice), M. Sénéchal (Orphée), C. Burles (Aristée/Pluton), M. Trempont (Jupiter), J. Rodhes (L'Opinion Publique), J. Berbié (Cupidon), B. Brewer (John Styx), 1976, EMI (2CD)

M. Minkovski, Orchestre de l'Opéra de Lyon, N. Dessay (Eurydice), Y. Beuron (Orphée), J.-P. Fouchécourt (Aristée/Pluton), L. Naouri (Jupiter), P. Petibon (Cupidon), E. Podles (L'Opinion Publique), S. Cole (John Styx), 1998, EMI (2CD)

A lire

Si voulez savoir sur Offenbach tout ce que vous n'avez jamais osé demander, plus tout le reste, précipitez-vous sur l'admirable biographie que Jean-Claude Yon a consacré à Offenbach. Elle est la première à retracer toute la carrière d'Offenbach; elle exhume une grande variété de sources longtemps ignorées et pour beaucoup inédites. Jean-Claude Yon vous promènera d'une main sûre et brillante à travers le vaste répertoire de ce génie inépuisable qu'est Offenbach, "l'un des plus grands créateurs satiriques de tous les temps et de toutes les cultures".
Jean-Claude Yon, Jacques Offenbach, Editions Gallimard, 2000

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